Neutralité carbone - Net Zéro : définition, enjeux et bonnes pratiques pour les organisations

1. Comprendre la neutralité carbone : un objectif mondial

Depuis l'Accord de Paris, adopté en 2015, la neutralité carbone est devenue un cap incontournable pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C. Concrètement, elle désigne l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les activités humaines et leur séquestration par des puits de carbone (forêts, sols, technologies de capture). L'objectif est simple à comprendre : émettre autant de carbone que ce que nous sommes capables d'absorber durablement.

Au sens du GIEC, « neutralité carbone » et « net zéro » veulent dire la même chose.

Important : La neutralité carbone n'a de sens qu'à l'échelle de la planète (ou des États coordonnés dans le cadre de l'Accord de Paris). Une entreprise, une collectivité ou un produit ne peut donc pas, à proprement parler, être « neutre en carbone ». En revanche, ces acteurs peuvent contribuer à la neutralité carbone mondiale, en réduisant leurs émissions et en finançant des projets de séquestration ou de réduction ailleurs.

Pour encadrer ces pratiques, la norme ISO 14068-1 fixe des exigences précises. Elle hiérarchise les actions : priorité absolue à la réduction directe et indirecte des émissions, puis compensation des émissions résiduelles via des mécanismes crédibles et transparents (crédits carbone certifiés, garanties d'origine, etc.).

Ainsi, lorsqu'une entreprise communique, elle ne doit pas se présenter comme « neutre », mais comme actrice d'une contribution à l'objectif mondial. C'est une nuance fondamentale pour éviter toute confusion ou accusation de greenwashing.

2. Mesurer son empreinte carbone : le point de départ de toute stratégie

Avant d'agir, il faut savoir d'où l'on part. Pour une PME, la première étape consiste à mesurer son empreinte carbone grâce à un bilan des émissions de gaz à effet de serre (bilan GES ou Bilan Carbone®). Cette comptabilité carbone repose sur six catégories (anciennement scopes) :

  • Catégorie 1 : émissions directes (ex. carburant utilisé dans les véhicules de l'entreprise).
  • Catégorie 2 : émissions indirectes liées à l'énergie (ex. électricité, chauffage).
  • Catégorie 3 : émissions indirectes associées aux transports
  • Catégorie 4 : émissions indirectes associées aux produits achetés
  • Catégorie 5 : émissions indirectes associées aux produits vendus
  • Catégorie 6 : autres émissions indirectes

À retenir : Pour une entreprise, les catégories 3 à 6 représentent souvent plus de 70 % de l'empreinte carbone totale. L'ignorer reviendrait à se priver d'une vision complète de ses impacts.

3. Construire une stratégie bas-carbone crédible

Une fois l'empreinte carbone mesurée, vient l'étape la plus structurante : bâtir une stratégie bas carbone. Celle-ci repose sur trois piliers :

a) Réduire les émissions à la source

C'est la priorité absolue. Les organisations doivent identifier leurs principaux postes d'émissions et définir des plans d'action concrets, à titre d'exemple :

  • Sur l'efficacité énergétique des bâtiments et équipements,
  • La réduction des déplacements professionnels et promotion des mobilités durables,
  • Les achats responsables (matières premières moins émettrices, fournisseurs engagés),
  • L'éco-conception des produits et services.

b) Séquestrer le carbone

Même avec une stratégie ambitieuse, il restera toujours des émissions résiduelles. Il s'agit des émissions nécessaires à l'existence d'une activité : déplacement domicile-travail, empreinte numérique, repas des collaborateurs etc. Celles-ci peuvent être contrebalancées par de la séquestration, c'est-à-dire le stockage de carbone :

  • Naturellement, en protégeant et restaurant les forêts, les sols et les écosystèmes. Il s'agit des puits de carbone.
  • Technologiquement, via la capture et le stockage du CO2 (encore coûteuse et peu déployée).

Les solutions fondées sur la nature sont évidemment à privilégier, car elles offrent des co-bénéfices non négligeables et sont vitales pour le bon fonctionnement de notre planète (biodiversité, qualité des sols, adaptation au changement climatique).

c) Utiliser la contribution carbone de manière responsable

La contribution peut compléter la démarche, mais elle ne doit jamais être le point de départ. Financer des projets de réduction ou de séquestration ailleurs permet de contribuer à l'effort collectif, mais à condition que :

  • la réduction interne des émissions reste prioritaire,
  • les crédits carbone soient traçables, transparents et de haute qualité,
  • la communication soit honnête et précise (ne jamais se dire « neutre en carbone » mais « contribue à la neutralité carbone mondiale »).

En évitant le piège d'une neutralité « arithmétique » (je compense autant que j'émets), les organisations construisent une démarche crédible et durable.

4. Bien communiquer : les bons éléments de langage

Une stratégie bas-carbone perd de sa valeur si sa communication n'est pas rigoureuse et encadrée. Les dirigeants doivent adopter des messages transparents et conformes aux recommandations de l'ADEME et de l'ABC :

À éviter

  • « Mon entreprise est neutre en carbone. »
  • « Ce produit est neutre en carbone. »

Ces formulations sont trompeuses, car elles laissent entendre que l'activité n'a aucun impact sur le climat. Or nous l'avons vu précédemment, il est impossible pour une organisation de ne rien émettre.

À privilégier

  • « Notre stratégie de réduction des émissions contribue à l'atteinte de la neutralité carbone mondiale d'ici 2050. »
  • « Ce produit a été conçu pour réduire son empreinte carbone »
  • « Nous compensons nos émissions résiduelles en finançant des projets certifiés, en complément d'une politique ambitieuse de réduction. »

Bonnes pratiques de communication

  • Toujours hiérarchiser les actions : réduction d'abord, contribution ensuite.
  • Mettre en avant la transparence : publier un rapport détaillé des démarches
  • Relier l'action de l'entreprise aux objectifs collectifs (Accord de Paris, SNBC, Net Zero Initiative).

Une communication claire, rigoureuse et alignée avec les normes évite le greenwashing et renforce la crédibilité de l'entreprise auprès de ses clients, investisseurs et collaborateurs.

Conclusion

La neutralité carbone est avant tout un objectif mondial qui engage l'ensemble des États et des acteurs économiques. Pour une organisation, il ne s'agit pas de « devenir neutre en carbone », mais de réduire drastiquement son empreinte carbone et de contribuer, par ses choix et investissements, à cet objectif planétaire.

En mesurant ses émissions, en définissant une stratégie bas carbone crédible et en communiquant de manière transparente, une PME peut à la fois renforcer sa compétitivité, répondre aux attentes croissantes de ses parties prenantes et participer activement à la lutte contre le changement climatique.

Source : ABC et ADEME Neutralité carbone | Guide de communication | Comptabilité carbone
AVIS de l'ADEME - La neutralité carbone

Passez à l’action !

Contactez-nous